Cas Clinique Février-Mai 2013 : Patiente G , 23 ans diagnostiquée anorexique

Cas Clinique Février-Mai 2013 : Patiente G , 23 ans diagnostiquée anorexique

Dans cette cure, je vais utiliser la psychanalyse lacanienne, l’hypnose Éricksonnienne soit à dire la Psychanalyse-Lacanienne-Hypnotique, technique que j’ai inventée, issue de plusieurs années d’expériences pratiques.

Je pourrais dire : Psychanalyse en mode hypnotique et l’on pourrait croire que c’est de l’hypnose, mais comme les séances se font avant tout sur le travail d’association libre sur les Signifiants et que l’on ne s’impose pas de préserver le patient d’expériences douloureuses…ni ne suis de protocole précis, je donne priorité au mot Psychanalyse. Mais je ne suis en aucun cas contre l’appellation Hypnose.

Dans ce cas, il s’agit d’une forme de protocole de régression ou de protocole dit «de Rossi», protocole où le travail sur la structure du langage est prégnant comme phénomène de décortication du symptôme.

Les expressions et les quelques interventions que je ferais dans les séances, principalement rapportées, sont autant de suggestions indirectes, de coupures confusionnelles que d’incitations à l’association libre, symbolique, imaginaire et réelle sur les «mots-ments» intenses que je capterai pendant la séance, mots qui résonnent dans l’inconscient comme ils « raisonnent » dans le conscient.

J’ai mis en italique différentes parties du discours thérapeutique qui sont autant de suggestions, d’incitations à l’exploration, que de saupoudrages. Les saupoudrages sont des éléments de langage qui se prononcent d’une façon (discrètement) plus forte ou douce (avec donc une autre voix), véritables suggestions indirectes de changement qui, par ce biais, cette technique dite donc du saupoudrage, vont échapper au conscient.

Chaque patient requiert un phrasé particulier et chaque explication de la technique de travail que je vais proposer au patient est un début d’induction. Les pointillés sont des silences. Ils permettent, entre autres, d’augmenter la synchronisation, l’écoute et d’approfondir l’état d’hypnose. C’est une forme du langage.

En l’occurrence, il s’agit là, d’une patiente au niveau langagier très élevé, future journaliste, très cultivée et au vocabulaire très élaboré pour son âge, particulièrement dans le domaine médical (merci le web…dont elle s’est nourri).

 

Elle vient à ma consultation après 5 ans de pérégrinations, cela, sur les recommandations de son généraliste, le docteur F.B. D’ailleurs, il lui dit de venir me consulter pour des problèmes de douleurs aux jambes… Il sait que j’exerce la profession de kinésithérapeute mais aussi de « psy ». Sans trop savoir exactement ce que je fais, inconsciemment… Néanmoins cela fait déjà 12 ans que nous travaillons ensemble donc il semble bien qu’il n’y ait pas de hasard.

 

La patiente est suivie par une psychiatre « spécialisée » dans l’anorexie. D’ailleurs G. me rapporte à la 3éme séance que celle-ci lui a un jour dit : « De toutes façons, ne vous inquiétez pas, je serais toujours là pour vous suivre ». Ce qui sous entend dès lors que le problème d’anorexie est sans faim…

Je lui ai, tout de go, répondu:

– « Et bien moi je ne serais pas là……(G. est étonnée)…. car vous sortez très vite de là (parlé au temps présent).

  • « Ah bon ? » ,
  • « Oui, juste le temps de reprendre du poids ».

Je prends un risque…mais j’induis déjà un changement.

 

Après le contenu du « déversoir » des 3 premières séances, contenu qu‘elle avait déjà du répéter 3 ou 4 fois aux différents « psy » qu’elle avait croisés dans son cheminement médical, et cela donc déjà même avant d’atterrir ces 36 derniers mois dans le fauteuil de cette spécialiste qui n’a donc que des patientes de ce type…, je mets en place mes conditions :

Je lui explique que nous allons travailler sur l’inconscient et non pas sur le conscient. De toutes façons, elle est d’accord pour dire que tout ce qu’elle a essayé sur le conscient n’a pas fonctionné.

Lors des séances n°2 et 3, j’effectue deux déterminations d’objectifs selon le protocole Ericksonien et note les mots qui ressortent, propres au système langagier de la patiente.

J’en dégage alors des prédicats et certains signifiants maîtres, appartenant à la patiente, comme les termes « poids », « le problème de la faim », « les entrées et les sorties », etc… Je les réutiliserai plus tard comme signifiants trans-formateurs (trans veut dire = qui traverse) dans l’objectif, précisé par la patiente, de créer un méta-système neurologique langagier (Méta = signifie ce qui dépasse).

  1. reste sur l’idée, bien ratifiée par sa psychiatre, qu’elle aurait plutôt développé son anorexie en faisant un pari avec ses copines qui voulaient toutes perdre du poids en même temps.

– « Mais aucune na tenu le régime… Sauf moi » me dit-elle.

– « Comme quoi vous auriez une sacrée volonté pour suivre une voie comme celle-là» lui répondis-je alors.

Etonnée par ma remarque, elle rigole et réponds :

– « Ha ça oui ! On peut dire que jai gagné mon pari !!! », plus sombre : « Mais bon, je men serai bien passée … ».

Et moi de dire : – « Si vous en avez la volonté… »

À la séance n°4, la patiente est allongée sur le divan, après un semblant de discussion qui n’est autre qu’un début d’induction par métaphores et métonymies, Je propose à la patiente de s’allonger, afin lui dis-je :

– « de séparer le corps de lesprit. Reposer ainsi le corps permet de se concentrer plus intensément sur les zones cérébrales où se situe linconscient… Ainsi sallument les connexions qui mènent à votre objectif en accord avec le conscient et linconscient ».

Alors, je lui propose de se recentrer sur le travail psychanalytique et lui explique que son histoire, notamment avec ses parents ou avec ses copines, ne m’intéresse pas vraiment et que l’objet du travail sera la structure du langage inscrite dans son inconscient.

Je lui dit :

«Jacques Lacan, étudié par tous les psychanalystes modernes, nous a laissé en héritage cette célèbre phrase : « Linconscient est structuré comme un langage ». Et de poursuivre :  « Lesprit convertit des nœuds de langage en expressions somatiques=du corps. En dénouant ces nœuds de langage, on libère le système nerveux du dysfonctionnement ou du blocage entre les neurones du système limbique, une zone de limaginaire, croisement du sens symbolique des mots, et ceux du système nerveux végétatif conscient sensitivo-moteur en rapport avec, là pour votre cas, le poids par exemple…, les entrées et les sorties…….de façon plus générale… et tout ce qui en découle, fatigue, aspect physique etc…… tout ce qui en est consécutif… le problème de la faim. (Entendre « de la fin »), qui est toujours aussi le début de quelque chose. Nest-ce pas ?…. Cest notre inconscient qui gère la mémoire et les apprentissages, non ?».

– «Je vais donc vous proposer de travailler sur ce qui vous parle……, sur les expressions de votre inconscient, vous vous souvenez nous avons évoqué cela récemment, les rêves, lapsus, actes manqués, fantasmes, inhibitions, angoisses ou encore vos souvenances, etc… Bien sûr, les symptômes du corps. Vous êtes daccord ?» (oui bien sur…même si elle n’a pas tout compris car cela va trop vite et qu’elle cherche dans son cerveau ce qui pourrait parler). «Dailleurs à propos du corps, il y a forcément autre chose que ce qui vous ennuie aujourdhui et auquel vous navez pas encore pensé. Nest-ce pas ?» (cela sous-entend pour son inconscient que son anorexie cache un autre conflit et que c’est là que va s’orienter la recherche vers celui-ci)

Lors du premier entretien, et cela très souvent, je réalise mon observation clinique hypnotique. Cela va me permettre de déterminer les prédicats que je vais utiliser, ou pas, pour communiquer avec la patiente. Je constate, et non pas à mon grand étonnement, qu‘elle est très kinesthésique et auditive de faisceaux d’afférentations (c’est ainsi qu’elle engramme les informations extérieures, se conférer à la lecture des mouvements oculaires en PNL / HYPNOSE). Je remarque, qu’après bon nombre de mes questions, ses yeux vont aussi bien souvent en bas et à droite avant qu‘elle ne vocalise une réponse. C’est la marque d’un dialogue intérieur, d’une pensée préconsciente, d’un mécanisme de réflexion associé, non spontané, preuve que chaque « spontanéité » est court-circuitée par un schéma de pensée préconsciente…

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Séance N°5 :

Je réalise alors une nouvelle détermination d‘objectif, (voir DO hypnose éricksonienne), la troisième depuis sa venue en consultation. Ce qui est étonnant alors, c’est, je me rends compte de façon éclatante, que l’envie de changer n’est pas si présente, pas et plus facile à formaliser. Elle semble bien avec son symptôme. Je la laisse comme ça. Elle résiste et c’est ainsi.

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Seance n°6 :

À la question suivante : – «Y a t-il quelque chose qui sopposerait à ce changement dans le sens de lobjectif que vous voulez atteindre ?»

G : – « Euh… non… rien… Ah si ! , il y a ces gargouillis permanents que jai dans le ventre. À chaque fois que je malimente (c’est son terme ou celui du médecin ? ou une condensation : « a-lie-ment-te » ?). Cest comme une présence, je my suis habituée ; pas désagréable mais parfois cela me fait, me faire remarquer par les autres ».

Je ne fais aucune remarque sur l’aspect « virtuel » de ce « quelque chose » qui fait sa réponse… Je poursuis donc.

——

Induction par métaphore avec amnésie :

– « Sachez que ce qui est essentiel et qui porte tant pour la journaliste que vous êtes et que vous allez encore devenir, que ce qui est un-portant est que linconscient est structuré comme un langage, ne loubliez pas ».

(Ceci est ma parenthèse d’amnésie comme je l’appelle. J’incorpore souvent cette phrase de Jacques Lacan comme process amnésique).

– «Sachant que vous avez tout essayé consciemment pour vous sentir mieux, je vais madresser à votre inconscient. Votre conscient ne nous intéresse pas. Comme vous avez appris à manger avec, entre autres, un couteau et une fourchette, ainsi qu’à goûter comme à sentir ce que vous appréciez…….. Cest linconscient qui gère vos apprentissages……., comme des choses aussi complexes que de parler…….., de marcher, de manger, ou encore tout simplement de comprendre ce que vous entendez……, même fait de mots nouveaux…Il a fallu beaucoup defforts conscients au début mais maintenant les choses sont beaucoup plus faciles quand elles sont dans linconscient, nest-ce pas ?…… pour atteindre votre objectif par ce biais……….. Linconscient est structuré comme un langage, il sest constitué de tout ce que vous avez pu entendre ou mémoriser par lintermédiaire de toutes les informations que vous avez ressenties mais aussi que vous ressentez………… et que vous ressentirez…. Alors de plus, on dit souvent que le corps parle……, parle comme étant, un participe présent………, ici et maintenant, lexpression du changement qui sopère alors déjà……en rapport avec les zones profondes de votre esprit……. Celles qui vous amènent à ne pas être attentive à tout ce que je dis ou que vous entendez par les mots (maux )…….. que vous comprenez et dont le sens peut changer quand il est satisfaisant pour vous…., en accord avec votre désir…

Maintenant que vous êtes consciente que vous rentrez plus « près » ou « prête »……… de votre inconscient à chaque pensée……. une question, parmi dautres, se pose……comme vous re-posez…. sur ce divan tout en étant déjà partie ailleurs « panser » quelque chose… et vous vous demandez quest-ce qui va se passer quand vous allez rentrer en transe……. ou en hypnose puisque cest la même chose à peu près……. Tout ce qui est trans approfondit « néan-moins » une sensation de vide qui peut se remplir, se former, selon votre désir……. Quest-ce qui commence à changer ?……. vos muscles vont se détendre encore plus?……….. Votre esprit va senvoler ?……. Quelle première sensation allez vous ressentir avant dapercevoir et/ou dentendre les autres comme même certaines pensées qui changent vous emmènent encore plus profondément vers un état modifié de votre esprit, plus près de votre inconscient comme moins près de votre conscient……………….. Et encore dautres sensations qui se manifestent sans que vous ne prêtiez plus à un bras qui s’élève doucement vers le plafond que vous observiez tout à lheure (ratification)…. Et certains muscles partant de l’épaule ? vont plutôt se contracter alors que dautres….. comme ceux de vos mains qui sont dautant plus légers quils sont dé-tendus, vers le plafond, votre objectif, au fur et à mesure que l’état de concentration sapprofondit vers lintérieur de vous même au plus près de vos ressources, des solutions qui sy trouvent… Et plus vous tendez vers votre objectif, plus votre bras s’élève très lentement sans oublier de nouvelles sensations que le peu de conscience peut repérer encore en écoutant certains bruits alentours…. Comme le son de votre respiration peut-être plus profond comme au plus profond de votre être…… une forme de son…….

(Un long, long silence passe….. 2 minutes ?…)

la lévitation de bras opère et il est quasiment à la verticale.

—D’un coup dans ma tête survient un son et une mélodie. Je ne sais pas encore ce que c’est et je suis surpris d’entendre cela dans mes oreilles—

 

Au même moment, la patiente G. me dit : « cest incroyable mais jentends une musique. ». (C’est elle qui la produit de façon infinitésimale)

Je suis assez curieux d’avoir le même ressenti, je cherche aussi ce qu’est cette mélodie…

Je reprends :

– « Quest-ce que cest ? À quoi cela vous fait-il penser ? »

(pour ma part, ça y est, j’ai trouvé le titre de cet air, c’est « Au clair de la lune »)

Une longue phase de recherche, ponctuée par des « je ne sais plus mais je me souviens de lair», qu‘elle chantonne alors, les résistances sont fortes, elle s’accroche pour faire le lien et finalement dans un état proche de la transe dit :

– « cest au clair de la lune ! Mon ami Pierrot… ».

– «Ah ?….» Dis-je doucement.

– « Et cela me rappelle ma grand mère. Elle me la chantait toujours à loreille le soir. Comme Papi sappelle Pierre en plus ».

Elle commence alors à pleurer et sa respiration est de plus en plus saccadée.

– «En plus… ?.» Enclenche-je .

– « Oui, en plus, du fait quelle est celle qui ma élevée quand ma mère n’était pas bien… Je vivais chez eux. Elle me chantait cette chanson…….Cest fou ça quelle me revienne ».

– «Elle vous dit quelque chose ?»

– «Pas vrai-ment mais cest la chanson de mamie». (Ma-mi, ma moitié ?)

Un long silence passe et des larmes ruissellent à nouveau sur les joues de G.

– «Quy a t-il ?» Susurre-je.

– «Quand ma grand-mère est morte, jai beaucoup souffert et à son chevet, je passai du temps, trop selon ma mère… Je ne mangeais plus, navait plus dappétit tellement j’étais triste. Javais beaucoup maigri.

Avant de mourir, dans son dernier souffle, je me souviens quelle ma dit: « Ma chérie, il faut que tu te remplumes». Pourquoi cela me revient à lesprit ?»

«Associez sur remplumes» lui dis-je, mû par mon inconscient.

– « Rend-plume , rend-lume – rampe-lumiére, la mort ? – rend-la-moi-plume ? Je ne sais… » dit-elle.

– « Comment-cest (entendre : commencez) cette chanson ? Associez».

– « Et bien……. – Au clair de la lune / À laube de la mort – Mon ami Pierrot / Mon papi chéri, il est gentil lui aussi». (sa voix a pris l’intonation de celle d’une petite fille, des larmes coulent régulièrement). Prête-moi ta plume, pour écrire un mot» / Prête… Un prêté pour un rendu, un compte rendu.

(À ce moment là, j’entends l’insert du signifiant maître d’avant : « Ma chérie, il faut que tu te rends-plume… Il faut que tu te rendes-comme-une-plume. Soit à dire aussi légère qu’une plume, avec un poids des plus légers…

 

Elle aurait voulu inconsciemment lui ressembler, un processus d’identification à l’image refoulée du corps décharné de sa grand-mère mais aussi à l’amour Oedipien incarné par le couple idéalisé de ses 2 grands-parents.

 

– «Il faut que je sois plume, c’est léger, légère comme une plume, que je devienne une plume…Pour écrire un mot, un maux ? , jai embrassé la carrière de journaliste».

– «Continuez»

– «Je narrive pas à me souvenir de la suite…».

Elle doit faire un long et courageux effort pour aller chercher dans les zones de son cerveau où cette mémoire s’est inscrite et ainsi faire remonter la suite.

(La séance dure déjà depuis au moins 1 heure…)

– « Ah oui …, ma chandelle est morte …» / Mamie, le chant-d’elle est morte. (Elle pleure de plus belle). Je nai plus de feu / Je n’ai plus le feu, le feu sacré (Ca-créé…), je nai plus envie de rien (entendre de manger aussi), Cest vrai que je nai plus envie de rien…Ouvre moi ta porte / Ouvre moi, je mouvre ainsi, pour rentrer dans ce monde, répondre à cette invitation et cela tapporte ou porte… ta croix…..En tout cas, jy rentre».

(quand on connaît la fin de la chanson, on comprend pourquoi l’oedipe s’exprime tantôt. Et bien sur, inconsciemment elle la connaît, tout comme sa grand-mère qui lui chantait alors pour la bercer).

Pour lamour de dieu……/ là c’est plus dur semble t-il. «Lamour me fait penser à la mort. Mais je naime pas la mort !? Et dieu ne me fait penser qu’à quelque chose de vide, je lui en ai voulu depuis ce jour-là et jai cessé de suivre le catéchisme quelques jours après… Pour moi Dieu est synonyme de vide».

(Dans l’inconscient DIEV est l’anagramme de VIDE…)

Elle pleure à nouveau et de rajouter :

– «Ce vide que jai en moi, pourtant je le recherche… Les bruits que jentends me le rappelle comme plein de petits vides. Je lentretiens dailleurs». (Ce sont ses gargouillis).

Je sens que la séance est quasiment bouclée mais il manque un pont…. Je le sens.

Je prends l’initiative d’orienter vers ce que j’ai entendu plus haut :

(« Remplume »).

– «Alors que vous conservez tout ce quil y a de positif et dutile dans « ça », quelque chose qui raisonne et qui nest pas compatible avec votre objectif est à évacuer….., par la bouche……, afin que le changement soit comme vous le désirez enfin (en-fin , en-faim, comme fin à ce processus douloureux) ………comme vous lentendez…….inconsciemment parlant…….».

Un long silence. La patiente est dans un état de confusion totale, en hypnose profonde : ses yeux roulent sous ses paupières, qui tremblent , elle transpire, son bras fait des cercles de plus en plus rapide, ces gargouillis sont présents, ses jambes se raidissent.

«Quand tout sera trouvé, résolu, compris…. en même temps que le bras retombe dun coup, le son, sort par la bouche et les maux reprendront tout leur bons sens…».

Encore une minute 15 secondes. Là, j’ai regardé l’horloge… je suis très en retard…j’ai 2 autres patients dans la salle d’attente, je suis fatigué, presque en nage…

D’un coup, en même temps que le bras retombe brusquement, elle dit « remplume». L’on respire alors de concert, et je crois même que nous avons même souri ensemble.

Je m’accroche à ce sourire, langagièrement parlant, pour faire remonter la patiente vers le conscient et dans le temps présent de la consultation. Doucement. Je ferme aussi la parenthèse amnésique que j’avais ouvert au début de la séance (exactement la même phrase qu’en début de séance et avec la même intonation) :

– « Sachez que ce qui est essentiel et qui porte tant pour la journaliste que vous êtes et que vous allez encore devenir, que ce qui est un-portant est que linconscient est structuré comme un langage, ne loubliez pas ».

Rq : L’amnésie n’est pas forcément nécessaire, tout comme la lévitation de bras, mais j’ai trouvé pertinent de laisser le refoulement d’une scène douloureuse se faire, tout comme de marquer kinesthésiquement le corps, cela dans l’objectif de ratifier le changement, de mieux engrammer ce méta-système ainsi produit.

 

La patiente est revenue une seule fois après cette séance.

Séance N°7. Elle cherchait à comprendre ce qui s’était passé…à se souvenir… Je n’ai rien pu faire d’autre que de suggérer des notions de temps associées aux étapes des changements à venir. En gros, on ne grossit pas du jour au lendemain ! Et cela ne se fait pas sans grandes modifications intrinsèques et extrinsèques, alentours donc !

Quelques semaines plus tard, j’appelle pour prendre des nouvelles. Nous sommes au mois de mai (fais ce qu’il te plait…) et G. me rapporte simplement qu’elle a déjà repris plusieurs kilos, qu’elle se sent beaucoup mieux dans sa vie et qu’elle a décidé (avec sa mère sans doute…) de rentrer à l’hôpital spécialisé pour se nourrir, se remuscler et reprendre correctement son poids. Elle me remercie plusieurs fois chaleureusement pour ce que nous avons fait.

Je ne la revis plus jamais en consultation, mais l’aperçu juste une fois de loin dans la rue de Passy, non loin de mon cabinet.