Les résistances en Analyse

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Les résistances

Les résistances ou plutôt la résistance est, avant tout, ce qui fait obstacle au travail de la cure.
Cette notion pour Sigmund Freud, désigne l’effet que produit dans la cure le refoulement lui-même, soit à dire, l’ensemble des phénomènes qui entravent les associations « pas libres alors » et provoquent même des silences.
Il est cependant nécessaire, à mon sens, de faire intervenir la question du transfert. Lorsque le patient s’approche trop du fond du problème, il reporte bien souvent sur la psychanalyse ou sur l’analyste lui-même ses préoccupations. Celles-ci se manifestent sous forme d’attitudes agressives ou tendres qui ne sont rien d’autre que des expressions de ses propres inhibitions, symptômes et angoisses qu’il n’arrive pas alors à verbaliser.

Le transfert fonctionne alors comme résistance, lieu où le sujet répète ce qui pour lui fait obstacle.

Car entreprendre une psychanalyse n’est pas facile.

C’est dur de vaincre ses résistances pour prendre la haute mer de l’inconscient et quitter la tranquille certitude des côtes sereinement établies sur la confusion des genres. C’est difficile de rompre avec le conformisme moralisateur et la langue de bois du moi et des systèmes théoriques et il n’est pas aisé de creuser profond tout en s’attachant à la surface des choses.

Il n’est pas simple de «se distancifier», pas commode de trouver les mots, les moins faux possibles, pour parler véritablement de soi. Changer le paradigme de l’inconscient ne se fait qu’à l’arraché. Quand l’humeur est aigrie, triste et inféconde, c’est que l’inconscient est coincé et pour le libérer (analyse signifie libération) vous n’avez comme arme que ces seuls « objets dont le néant s’honore (sonore) », c’est-à-dire les mots.

Pour Jung, et j’aime bien sa position, la résistance prend valeur d’un concept propre au cadre de la psychologie analytique. Ce concept désigne alors le fait de ne pas être ouvert à soi, à sa réalité et à la réalité extérieure. Et finalement, de rester en lutte d’abord contre soi-même mais aussi, finalement, contre le reste du monde. Il s’agit, pour le sujet, de rester dans une forme d’aliénation, fut-elle légère, à l’exemple de la névrose. C’est dans son ouvrage «L’homme et ses symboles» que Jung illustre ce qu’est une résistance ; d’ailleurs, il rend hommage dans cet ouvrage à Freud, pour son travail sur cette notion psychanalytique.

Dans la perspective jungienne, questionner l’inexistence de ce concept (ou d’un autre) et refuser de discuter avec soi-même, se nomment « être en résistance ». Il parle alors de misonéisme au sujet de nombreuses découvertes des sciences.

Exemple de résistances (ou de misonéisme selon Jung) :

  • Celui qui nie l’existence de l’inconscient suppose, en fait, que nous connaissons aujourd’hui totalement la psyché. Et cette supposition est d’une fausseté aussi évidente que la supposition que nous connaissons tout ce qu’il y a à connaître de l’univers physique.
  • «Notre psyché fait partie de la nature et son énigme est aussi dépourvue de limites. Il en résulte que nous ne pouvons définir ni la psyché, ni la nature.» -C.G. Jung- « L’Homme et ses symboles » , Robert Laffont, 1964 p 23.
  • Bon nombre de personnes ne croient pas que l’inconscient existe ou qu’ils possèdent une vie intérieure. On dit alors qu’ils sont en résistance, cette résistance à eux-mêmes se manifeste aussi dans les prises de position anti-analytique ou anti-psychologique de certains, c’est ce que l’on nomme, je répète, le misonéisme. « La psychologie est une science des plus jeunes et parce qu’elle s’efforce d’élucider ce qui se passe dans l’inconscient, elle se heurte à une forme extrême de misonéisme. »-C.G. Jung-  » L’homme et ses symboles « , Robert Laffont, 1964 p 31.

Après, on peut citer des exemples plus pratiques de résistances:

  • Se mentir et tourner autour du pot. Bon, bien souvent il faut passer par des détours! mais quand même… Après c’est à l’analyste de faire en sorte que…C’est tout l’art de cette pratique avec plus ou moins de puissance perceptible ou pas…
  • Évidemment : Oublier de venir à sa séance. Tous les stratagèmes sont bons… Après… Il y a parfois du hasard ! Je précise tout de suite cela pour les véritables escrocs de la « psy » qui font payer la séance sans réelle raison ou par autoritarisme. Bon sang ! on l’entend ! Au téléphone si le retard du métro est vrai et alors si l’analysant est parti assez tôt ! Enfin, on entend s’il a tout fait pour venir à sa séance… On le sait immédiatement.
  • Arriver en retard à chaque rendez-vous (pour écourter l’épreuve de la séance).
  • Tomber malade histoire de « souffler un peu ».
  • Interrompre l’analyse sans chercher à comprendre pourquoi on réagit ainsi. Cette dernière résistance est la plus grave, car en reculant devant l’épreuve, on renforce encore plus ses résistances, et on encourage une répétition future.
  • Parler théorie psychanalytique plutôt que de parler de soi-même.
  • Oublier de noter ses rêves ? Ou bien le contraire : Venir avec un rêve à chaque séance.
  • Ne pas repérer ses expressions de l’inconscient, actes manqués, oublis, symptômes du corps, fantasmes, etc..
  • Dire que l’on n’avance pas (alors que quelques minutes après on se rend compte que l’on a bouleversé ses fonctionnements).