Devenir psychanalyste, la passe
La formation de l’analyste en devenir, la passe et la supervision.
Il est fréquent qu’on me demande comment on devient psychanalyste.
Je réponds qu’il faut en avoir le désir et faire sa propre analyse, ensuite rentrer dans la technique, la théorie.
Pour ce faire, il faudra, au delà de l’acquisition du savoir inconscient (le S2 des mathèmes Lacaniens) par sa propre analyse, aussi suivre des cours, des enseignements, des conférences et beaucoup lire seulement parce qu’on aime «Lalangue» comme disait Jacques Lacan.
Généralement, chez l’analysant ce moment arrive, ou pas, vers la fin de la 3éme année, mais une vraie psychanalyse dure entre 7 à 10 ans ; et elle peut s’achever aussi, ou pas, par ce désir de transmission.
La passe désigne donc en psychanalyse une méthode proposée par Lacan pour la formation des nouveaux analystes.
La méthode se veut être une sorte d’aide à la transmission du désir psychanalytique, d’où la désignation de passe. Autrement dit, la passe serait pour l’analysant, une nouvelle forme de lien transférentiel à la fin de son analyse, cette fois avec «l’École et la cause psychanalytique».
Autrement dit encore, être psychanalyste c’est assumer seul sa position face à son patient sans avoir à en référer à une instance tierce, qu’elle soit institutionnelle, ou encore représentée par la figure du contrôleur ou de son propre analyste. Comme l’a souligné Lacan : « L’analyste ne s’autorise que de lui-même », « il n’y a pas d’Autre de l’Autre ».
Il ne s’agit pas pour autant de nier l’aspect pédagogique lié à l’expérience dont le contrôleur peut faire profiter le jeune analyste mais, dit Clavreul, « il faut avant tout aider l’analyste à repérer ce qu’est l’acte psychanalytique en regard de sa propre analyse, cet acte où l’analysant défend une cause, inconnue à l’analyste comme à l’analysant, objet de son fantasme inconscient… Ayant pris la mesure du peu de poids du savoir le mieux assuré au regard de la consistance du fantasme… nul doute que l’intérêt de l’analyste portera vers le fantasme de l’analysant plutôt que vers une quelconque entreprise normative, éducative ou autre. Nul doute non plus que l’analyste saura que c’est principalement là, dans sa clinique, dans sa pratique, qu’il y a un savoir précieux et inépuisable. Devenir analyste c’est cela… »
Quand l’analysant pense avoir fini son travail et énonce le désir de devenir analysant, il subit donc le système de la passe.
De son propre gré, il va s’allonger sur le divan de 2 autres psychanalystes reconnus et faire le bilan logique de son analyse. Il va ratifier les changements qui ont opéré dans son existence. Cela peut durer quelques semaines mais plus souvent c’est quelques mois. Se re-confronter à son histoire et à son désir d’aider l’autre est une mise en balance périlleuse. On se découvre alors ou pas un courage pour faire face à la souffrance de l’analysant en demande, pour faire face au transfert.
En somme, c’est lorsqu’on a suffisamment épuisé son système pulsionnel pour savoir inconsciemment comment ça se dépasse et qu’on a compris les grands concepts fondamentaux de la psychanalyse. En outre, il est primordial de comparer ses cas cliniques avec soi-même chez un autre analyste. C’est aussi ÇA, la supervision. Si ça sonne vrai, alors c’est que c’est avéré.
Depuis mon début d’exercice, j’ai fait passer plus d’une dizaine d’analysants «de l’autre côté…».
Aux intéressés, vous pouvez lire «La formation des psychanalystes» de Jean Clavreul, paru en novembre 2010 aux éditions Hermann.
Pour ceux qui sont intéressés par ma Praxis, sur ce site, vous trouverez une forme de vulgarisation de certains concepts psychanalytiques mais aussi des choses plus techniques réservées aux avertis, sélectionnées par mes soins, par exemple des textes inédits de Guy Massat.
Encore, des références à l’Hypnose Ericksonienne, Milton Erickson étant le plus renommé des hypnothérapeutes. Enfin, des « Actualités » qui signifient et marquent les phénomènes sociaux. Ces faits-qui-nous-mènent…là, certaines choses sont vulgarisées et paisibles, d’autres plus militantes et guerrières.
«La psychanalyse en mode hypnotique est donc devenue ma Praxis», pratique personnelle tirée de mes formations, lectures, apprentissages et de Freud qui s’y essaya longtemps mais sans trop l’approfondir car manquant de connaissances sur le sujet du préconscient. Il avait déjà mis en exergue l’Inconscient alors le pré ou subconscient, la «voie d’abord» de hypnose, ce n’était pas une évidence…
Ma formation en médecine, mes stages effectués en psychiatrie, m’ont rapidement éloigné de la thérapeutique médicamenteuse (hélas, plus que jamais d’actualités aujourd’hui pour répondre à la souffrance psychique) d’où ma bifurcation radicale vers la thérapie par le mouvement soit à dire la kinésithérapie (kinésis veut dire mouvement) au grand dam de mes parents qui voulaient dans l’absolue que je fasse psychiatrie via médecine pour devenir psychanalyste ce qui était mon désir exprimé dès l’âge de 15 ans. Je remercie d’ailleurs mes parents d’avoir eu une bibliothèque aussi bien achalandée, Freud, Lacan, Winnicott, Dolto mais aussi Heidegger ou encore Nietzsche ont bercé mon adolescence.
Concernant les concepts fondamentaux de la psychanalyse, il était hors de question de tout re-raconter ou de réécrire. Il y a d’excellents ouvrages sur ces questions.
Néanmoins, j’ai glissé, l’Oedipe dans toute sa réprésention car «Our deep is your love», et parce que c’est pregnant «as you can be pregnant».
Vous trouverez donc ici des pistes à suivre, ou pas, mais là surtout, des textes inédits et contemporains du Psychanalyste feu-Guy Massat décédé en octobre 2019. Ce psychanalyste, qui a «dépassé Lacan», était le fondateur du Cercle Psychanalytique de Paris. Nous avions décidé un soir de quitter certaines associations qui encombraient nos inconscients respectifs par trop de Surmoi, par un grand Autre trop envahissant et de créer cette association.
Mon choix, mon déterminisme, ma détermination même, s’expliquent par la signifiance et la fulgurance de mon totem : Janus. Ça passe ou pas par moi. Après, il paraît qu’il n’y a pas de hasard sur le choix d’un prénom, tout comme sur le choix de son analyste.
Donc à partir de là, il était encore exclu de tourner autour du pot : ce qui passe par moi et qui me semble juste, je le transfère à celui qui est plus ou moins curieux. Tout comme l’enseignement de Guy Massat passe par ici, par mes vidéos de lecture de ses textes.
Et si vous êtes juste curieux, sachez que la curiosité dans l’inconscient, n’est pas un vilain défaut, ni encore un gros mot, et la mère de toutes les naissances.
Alors, pourquoi Janus ? Ce dieu romain est à l’origine de mon prénom. (Mais mon prénom, de façon phonétique, se prononce [i a n] comme Ja en allemand se prononce [i a]).
Janus est une divinité romaine, dieu des commencements et des fins, des choix, des clés et des portes. Dieu de premier rang dans la hiérarchie romaine (diuum deus), il a le privilège d’être invoqué avant toutes les autres divinités. En tant que dieu introducteur, il est avec Portunus un « dieu des portes » qui préside à l’ouverture de l’année (mois de Janvier) et à la saison de la guerre (les portes de son temple étaient fermées quand Rome était en paix). Les deux épithètes culturelles du dieu Patuleius (celui qui ouvre) et Clusius (celui qui ferme) font de lui la « porte ouvrante » et la « porte fermante » de la religion romaine. Pater (père) ou encore Januspater est l’épithète de Janus la plus fréquente.
D’une certaine manière comme tout signifiant maître, il a déterminé mon histoire. Je ne suis pas devenu psychanalyste par hasard. Au collège, après cette même remarque d’un professeur sur l’origine de mon prénom, mes camarades me raillaient souvent en faisant le jeu de mot suivant, Janus= anus. Ah ah ah … très drôle ! Si c’est pour dire que les choses passent par là quand elles sont digérées, « dits-gérées », alors c’est d’accord. Car Janus répond au concept de « passage ». Et si l’on conçoit que DIEV est l’anagramme de VIDE alors je veux bien être celui-là, le vide par lequel ça passe.
Quand un patient consulte il se comporte comme Janus et se tourne, ou pas, vers la guerre ou la paix et cela par rapport aux éléments de son histoire qu’il métaraconte alors.
Au delà de ça, j’ai choisi l’identification à cette parabole mythologique afin de marquer la distinction que je fais entre l’homme que je suis et le psychanalyste qui existe en moi. Certains diraient que le psychanalyste doit « s’effacer » se cacher, se murer dans son silence…Ok…, mais pour ma part, peut-être lacanienne et Ericksonienne, je revendique que, lorsque l’analyste maitrise son contre-transfert, il peut se manifester, hors du cadre thérapeutique, et se revendiquer penser via son système de valeur ; qu’il connait et comprend les hommes et les femmes qui composent son monde, la société française, européenne. L’homme communique, interagit et s’inter-prête de façon évolutive et pas forcément progressiviste. A part la « voie-voix » précautionneuse qu’impose la bienveillance et l’efficacité thérapeutique, je ne vois pas ce qui entraverait et ferait résistance au fait que je fasse des remarques publiques sur certains sujets sensibles…Sinon autant s’oublier…
C’est ainsi que je défendrai ma croyance première : la liberté d’être libre de soi-m’aime, assujettie au paradoxe qu’elle impose : l’aliénation névrotique que l’homme collectif soit-disant moderne, manifeste par les nouveaux modes de communication, d’échanges d’information, les nouvelles perversions.
Vous trouverez dans « Actualités », des choses qui me parlent et surtout, je le répète, celles qui passent par moi…Les choses qui m’interpellent ces derniers temps.
Ce qui ne veut pas dire que je suis toujours d’accord avec ces dernières, bien entendu. Si tant est que des points de vue soient défendus dans ces actualités… Ce qui ne sera pas le cas, le ÇA.
Laissez vous porter par votre inconscient et bonne lecture.
Enfin, un mot sur la supervision. Elle est essentielle pendant les premières années de prise de responsabilité d’un patient. Ce contrôle est une éthique de la responsabilité mais c’est aussi pour certains ou certaines une nécessité pour gérer le transfert. Après, quelques-uns d’entre nous n’en n’ont plus besoin arrivé à un certain stade d’expérience ou tout simplement car ils sont analystes par évidence.
Je pense à certains pratiquants bouddhistes ou taoïstes qui deviennent souvent maitres Zen et que j’ai pu croiser ou avoir le privilège de recevoir sur mon divan. Ils maitrisent alors parfaitement la scansion, l’art de la coupure ou le subitisme zen.
Après… il reste encore quelques secrets dans ce processus que l’analysant qui prétend devenir analyste se doit de découvrir tout seul…Et que je n’écrirai pas ici.