Qu’est-ce qu’un analyste ?
Qu’est-ce qu’un analyste ?
Le psychanalyste est une personne, médecin ou non, qui a effectué sa propre psychanalyse sur plusieurs années avec un psychanalyste reconnu comme tel..
Il a acquis, tout au long de ces années, en plus de l’expérience de sa propre psychanalyse, la transmission de la théorie psychanalytique par ses pairs, tous psychanalystes et ayant reçu des patients.
À l’issue de son analyse et de sa formation analytique, il est donc reconnu psychanalyste après avoir subi la « Passe », instaurée par J. Lacan.
Le « passant », qui estime avoir terminé son analyse et surtout manifeste le désir de transmettre son savoir inconscient et d’aider son prochain, doit témoigner de son expérience, articulée par ses propres événements identitaires remarquables. Il rencontre alors 3 passeurs, psychanalystes reconnus qui rapporteront ensuite leurs avis à une commission de passe, cartel ou jury. Pour ma part ce fut à « l’Effet Freudien » à Paris, en 2004.
Lacan appelait « la passe » le fait de passer de l’inconscient des psychologues à cet inconscient psychanalytique (cf. définition de l’Inconscient).
Ce n’est ni un rituel, ni une initiation, ni un examen des connaissances. Freud soutenait, lui aussi, qu’à la fin de l’analyse, on devait être convaincu de l’existence de cet inconscient.
En revanche, « les psychothérapeutes qui se servent à l’occasion de la psychanalyse, déclarait-il en 1933, on ne peut pas les compter parmi les analystes » (cf. Freud « Conférence d’Introduction à la psychanalyse », page 120).
À cette date dans le monde, constatait Lacan au colloque sur l’Inconscient en 1960, les psychanalystes ne s’appliquent qu’à rentrer dans le rang de la psychologie.
Depuis, les choses n’ont guère changé, ne se sont guère arrangées. Il y a toujours une désinformation systématique sur la psychanalyse. Cela ne met pas pour autant la psychanalyse en péril, comme le croient certains, car plus l’inconscient psychanalytique est refoulé mieux il fait son plein ! Et celui-ci n’a pas besoin de surveillants…
En revanche, cette désinformation peut être particulièrement frustrante, humiliante pour les patients qui croient faire une psychanalyse, alors qu’en fait, ils suivent une psychothérapie, non – analytique, arbitrairement appelée « psychanalyse ». Ce n’est quand même pas la même chose de prendre l’inconscient comme objet que de considérer le corps et l’esprit comme les objets de l’inconscient !
Et puis… il y a beaucoup de psychiatres qui n’ont pas fait de psychanalyse, n’ont pas pratiqué l’analyse (jusqu’à régler leurs rapports inconscient/préconscient/conscient) qui « allongent » leurs patients, se prétendant psychanalystes forts de leur statut de médecin, et qui font cela pour arrondir leurs fins de mois avec des paiements au noir, plutôt que de prescrire des médicaments. Il convient de préciser ici qu’une telle pratique est contraire à l’éthique professionnelle, et indigne d’un professionnel de santé.
Le travail d’analyste ne se cantonne pas à la pratique avec le patient ; le psychanalyste doit s’informer, se réactualiser et rester à l’écoute de » l’air du temps « , suivre les phénomènes sociologiques et se tenir au courant de ce qui fait culture commune, de Harry Potter à Michel Houellebecq en passant par la télévision et la radio. Quant au psychanalyste, nouvellement reconnu ou pas, il est tenu de poursuivre son travail analytique personnel avec d’autres psychanalystes tout au long de sa pratique, ce que l’on appelle le contrôle. Les premières années, il est particulièrement tenu de s’y soumettre. Ces supervisions, sur son travail de prise en charge de patients, se font bien évidemment via des psychanalystes confirmés, plus expérimentés que lui. Et si cela n’est pas souhaitable pendant son analyse, rien ne l’empêche, après celle-ci, de suivre des séminaires, de lire abondamment, de se cultiver et d’acquérir une connaissance dans divers domaines jouxtant la psychanalyse… Mais aussi, afin d’être dans l’air du temps, de suivre les phénomènes de société, car ces » faits nous mènent « … Pour ma part, cela paraît incontournable.
Comme le dit J. Lacan, « le psychanalyste participe du scribe. Il est le témoin, le dépositaire, le garant, le gardien de ce qui est dit sur le divan ».
Le psychanalyste, c’est aussi l’analysant qui, au cours de son analyse, s’est découvert un désir de devenir analyste, et dont les qualités primordiales sont le sens de l’écoute, disposition qui ne s’apprend pas, la bienveillance, l’amour de son prochain ou de l’autre, l’intelligence sensible, la capacité à l’identification par transition.
Son engagement en matière de respect de la parole d’autrui, de confidentialité et de non-ingérence est essentiel. Il appelle à une neutralité excluant tout jugement de valeur, quel que soit ce qui lui est confié. Évidemment, il ne donnera jamais de conseils, car il ne détient pas la vérité » du patient « , d’autant que ce dernier la recherche comme objet de son désir.
Le psychanalyste est donc celui qui prend au sérieux cette impossible » souffrance » à supporter ce qu’il tient pour unique. Il est là en témoin, en gardien, et a pour mission d’aider la personne qui souffre sur son divan à apprendre à lire les messages de son inconscient, à travers les camouflages, travestissements et autres subterfuges de celui-ci, car ce dernier ne s’exprime pas comme le conscient. **Se référer à l’utilité des objets topologiques**, qui permettent de voir les choses sous d’autres angles, peut être d’une aide précieuse dans ce processus. Pour en savoir plus sur ces objets topologiques utilisés par Lacan, tels que la bande de Möbius ou le tore, vous pouvez consulter cet article de l’Association Lacanienne Internationale : [Les objets topologiques chez Lacan] (https://www.freud-lacan.com/topologie-lacanienne).
Le psychanalyste attend du sujet, qui est venu demander de l’aide, qu’il dise à travers ses paroles ce qu’il ne sait pas qu’il sait, et ce, afin que le psychanalyste puisse souligner, ponctuer par des interrogations, le discours du sujet, cet inconscient qui joue à cache-cache. C’est d’ailleurs ce même inconscient qui crée le temps de la séance, tantôt apparaissant, tantôt disparaissant, et qui exige du psychanalyste une grande finesse dans le maniement du temps de la séance.
Et si l’interprète qu’est le psychanalyste sait intervenir, ni trop tard, ni trop tôt, sait saisir au moment opportun donc, le message crypté dont est porteur le discours du sujet, alors, des effets de vérité émergeront et pourront se constituer en Savoir, « ça-voir ».
Premier rendez-vous, Prise de contact
Il survient après un premier contact téléphonique. Les paroles échangées permettent de connecter ou non les deux inconscients en présence. Il arrive que l’on s’entende déjà. Le psychanalyste sait tout de suite si cela va passer ou non. Néanmoins, parfois, l’état d’esprit de la personne en demande peut être empreint de résistances, et certaines structures névrotiques peuvent tenter de tester ce premier écho.
Ce premier rendez-vous est fondamental, voire fondateur. Il va permettre de poser les bases du travail et se fait très souvent de visu. C’est à ce moment que le psychanalyste répond à toutes les premières questions du futur analysant.
- Comment cela se passe-t-il ?
- Est-ce que vous pouvez faire quelque chose pour moi ?
- Combien de temps dure une séance ?
- Combien de séances ?
- Combien de temps va prendre ce travail pour que je sorte de ce problème ?
- Ça coûte combien ?
Ce dernier point est essentiel : le prix est souvent discuté et négocié directement entre l’analysant et le psychanalyste. Ce dialogue est crucial pour établir une relation de confiance et permettre au futur analysant de se sentir à l’aise avec le coût. De plus, le psychanalyste peut prendre en compte la situation financière de l’analysant pour proposer un tarif ajusté.