Publication du roman  » Hypnose d’État « 

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Au-delà, et à travers le prétexte d’un roman d’enquête policière où l’amour, la vie et les religions se croisent dans un univers écologique fantasmé, vous découvrirez un concept économique qui me tient particulièrement à cœur. En voici un extrait, pour éveiller votre curiosité… :

– Ou la solution à la globalisation des échanges commercaiux ? – 

 » Depuis son instauration en 2041, soit depuis sept ans, la Chon était devenue la monnaie universelle. Était-elle masculine ou féminine ? On ne la sexuait pas vraiment et chacun pouvait dire « le » ou « la » Chon. Personnellement je préférais la version féminine. Quoi qu’il en soit, elle semblait être un « liant social pacificateur », expression couramment employée aujourd’hui.

La Chon était basée sur quatre éléments chimiques de la classification périodique des éléments, classification depuis toujours internationale, également appelée classification de Mendeleïev. Ces éléments, principaux constituants du vivant, étaient le carbone, l’hydrogène, l’oxygène et l’azote, qui représentaient 96 % de la matière organique terrestre*. C’était donc le réel organique. L’idée d’une monnaie universelle et écologique, fondée sur la matière organique terrestre, avait émergé dans l’esprit d’une savante japonaise convaincue par les conclusions de la Grande Réflexion. Celle-ci avait également suggéré, avec grande intelligence partagée, que la valeur de l’énergie humaine échangée pondérerait la Chon. Le mot-clé était « échangée ». Cette variable pondératrice serait calculée scientifiquement à partir de l’adénosine-triphosphate (ATP), une molécule présente dans toutes les cellules des êtres vivants, qu’il s’agisse d’humains, d’animaux, de végétaux chlorophylliens ou de bactéries. « Quoi de plus juste, de plus écologique, de plus vivant ! » avait-elle déclaré devant la tribune de la Grande Réflexion. Cela avait été largement accepté. Cette pondération énergétique était essentielle pour faire de la Chon la référence monétaire parfaite. L’ATP, qui fournissait l’énergie nécessaire à toutes les réactions chimiques du métabolisme des êtres vivants, était directement liée à la photosynthèse (donc au monde végétal ou chlorophyllien) et elle était facilement quantifiable en kilojoules, unité de mesure parfaite de l’énergie, car universellement utilisée*. En fait, depuis l’avènement de la science, nous avions à portée de main tout ce dont nous avions besoin pour rendre justice au vivant. Il ne manquait plus qu’à associer Mendeleïev au joule… Ainsi naissait une monnaie à variable atomique universelle fonction de l’énergie universelle qui incluait la chlorophylle. Il ne restait plus qu’à ajouter le temps comme régulateur final – Cronos, le dieu du Temps, avait toujours le dernier mot… En résumé, la Chon était devenue, en quelques jours de sages réflexions métaphysiques lors de la fameuse Grande Réflexion internationale, la monnaie à variable chimique et atomique universelle (Mendeleïev), pondérée par la valeur de l’énergie (ATP) échangée et par le temps. L’histoire de l’homme était décidément facétieuse, pensai-je un instant, me qualifiant d’impayable en même temps, en me souvenant soudain que le nucléotide ATP, C10H15N5O10P2, avait été découvert en 1929*, l’année de la première grande crise financière internationale.

Toutefois, je n’osai pas partager cette trouvaille, craignant qu’elle ne suscite pas l’enthousiasme escompté.

— C’est bien vrai, ma fille ! Elle est la clé de la paix, parce qu’elle est juste ! s’exclama Jean en frappant la table de ses mains. N’oublions pas que la Chon dépend également des autres éléments de la classification périodique de Mendeleïev, magnésium : calcium, potassium, sodium, lithium, erbium, plutonium, etc. ! Leur numéro atomique, leur rareté et leur difficulté d’extraction, de recyclage ou de production artificielle entrent en ligne de compte ! Certes, la base de calcul repose sur les quatre principaux constituants de la matière – carbone, hydrogène, oxygène et azote –, mais ne négligeons pas l’intervention du temps à la fin du calcul ; c’est lui qui lui confère toute sa justesse. N’oublions pas que le boss, c’est Cronos ! Et c’est ce temps sacré, qu’il soit de production, d’échange, de transport ou de valeur ajoutée intellectuelle, qui cristallise le produit final Chon. Aujourd’hui, Chon, quel que soit son genre, mesdames, occupe une place solide dans les fluctuations boursières internationales. J’attends quand même de voir sur le long terme, mais selon moi, c’est devenu la monnaie la plus juste qui soit.

— Tout à fait d’accord. J’ajouterais, cher papa, que la rareté de certains éléments chimiques, notamment de divers métaux tels que l’uranium, le lithium, le cérium ou le lanthane, a conféré à leurs pays détenteurs, autrefois soumis aux grandes multinationales de la mondialisation, une véritable position de force sur le marché des productions commerciales. Cela a créé une spécificité commerciale, une identité, totalement nouvelle. Et remarquablement, ces métaux se trouvent comme par hasard dans des pays pauvres ou désertiques ! C’est comme une justice divine ! s’exclama Clothilde avec un brin d’enthousiasme pour appuyer les propos de son père. »